Gilles Thuot est né à Montréal le 23 octobre 1947, deux ans après la fin de la seconde guerre mondiale.
Il est issu d’une famille modeste de quatre enfants dont le père était professeur d’électronique à l’Institut de technologie Laval de Montréal (aujourd’hui Collège Ahuntsic). Enfance heureuse dans un quartier de l’est de la ville, en plein boom économique et démographique de l’après-guerre.
Il fait ses études primaires à l’école du quartier tenue par les Frère des Écoles chrétiennes. Puis, il est admis au Collège Ste-Croix (aujourd’hui le Cégep Maisonneuve) où il fait des études classiques qu’il complète après huit ans en 1968.
C’est pendant ses études classiques qu’il s’ouvre avec un vif intérêt aux arts et aux sciences : littérature française, histoire et culture gréco-latines avec l’enseignement du latin, histoire de l’art et ateliers d’arts plastiques, mathématiques, sciences physiques et chimie. Des visites au musée des Beaux-Arts de Montréal et au tout nouveau musée d’Art contemporain établi au Château Dufresne contribuent à élargir son éducation artistique. Il touche à la peinture et à la sculpture et songe à faire une carrière de peintre, mais des pressions familiales l’incitent à s’orienter vers l’architecture, un heureux compromis moins aventureux, alliant art et science.
En 1968, il est admis à l’École d’architecture de l’Université de Montréal et obtient le Bac en 1972.
À cette époque, l’École d’architecture venait tout juste d’être séparée de l’École des Beaux-arts et d’être intégrée à la Faculté d’aménagement de l’Université de Montréal. Un souffle nouveau animait dorénavant l’École d’architecture donnant lieu à une large pénétration multidisciplinaire aux nombreuses sciences et techniques qui façonnent la création architecturale moderne. Aussi, grâce à l’initiative de dirigeants clairvoyants et inspirés, l’École a pu bénéficier de l’enseignement d’architectes et de spécialistes invités de renommée internationale.
En 1972, Gilles Thuot débute sa carrière d’architecte. Il pratique d’abord comme employé de 1972 à 1988 puis comme associé de 1988 à 2014, date à laquelle il se retire de la pratique. Durant les 14 dernières années il est associé dans la firme montréalaise Béïque, Legault, Thuot, architectes (BTLA), laquelle est toujours active et détient une réputation plus qu’enviable sur les scènes québécoise et canadienne.
Dès le collège, Gilles Thuot a développé un intérêt marqué pour le dessin, la peinture, la sculpture et même pour le décor de théâtre : décors pour la « Cerisaie » d’Anton Tchekhov et pour « En attendant Godot » de Samuel Beckett.
À l’été 1968, à l’âge de 20 ans, il élabore les dessins d’une sculpture constituée de formes géométriques agglutinées autour d’un fut axial de forme parallélépipédique. Puis il en exécute la construction à grande échelle en utilisant le béton armé coulé dans des coffrages de bois comme matériau dominant. Il complète l’œuvre au moyen de tubes d’acier servant de pieds et d’improbables antennes de communication.
Pendant sa pratique d’architecture il commence à faire des croquis lors de ses voyages et continue cette pratique jusqu’à ce jour pour constituer un corpus de près de 200 œuvres.
En 2014, il se lance dans la production de tableaux à l’huile, au pastel à l’huile, au crayon de plomb et au crayon de couleur. Il expérimente le recours à la reproduction / agrandissement de ses œuvres chez un imprimeur par la numérisation et l’impression sur cavenas ou sur panneaux d’aluminium.
On a longtemps pensé que la peinture allait disparaître, emportée par l’invention de la photographie, par les activités « subversives » d’un Marcel Duchamp (inventeur du « ready made ») ou par l’apparition qui a suivi de l’art dit conceptuel remettant en question l’objet d’art comme tel.
Malgré tout, la peinture a survécu à toutes ces « agressions ». Elle a même prospéré et est devenue plus vivante et essentielle que jamais.
À la suggestion : « La peinture n’est donc pas seulement faite avec l’œil et la main, elle implique une bonne part de réflexion » que lui soumettait l’écrivain et artiste britannique Angus Cook, Peter Doig répondait : « En fait, je n’ai jamais vraiment compris ce qu’il y avait de si conceptuel dans l’art conceptuel. La peinture, en grande majorité, est conceptuelle. Je veux dire que toute peinture résulte d’un processus mental. L’art conceptuel se contente de supprimer ce qui se rapporte au plaisir de regarder : la couleur, la beauté, toutes ces dimensions-là. »
Pour se conforter davantage dans l’idée que la peinture est un art conceptuel, Gilles Thuot aime se référer et se prévaloir de la notion italienne de « disegno » en vigueur à l’époque de la Renaissance :
« Disegno est un des concepts majeurs de la théorie de l’art de la Renaissance; il signifie à la fois dessin et projet, tracé du contour et intention, l’idée au sens spéculatif et l’idée au sens d’invention (ou dessein). Il désigne donc une activité éminemment intellectuelle. » (Jacqueline Lichtenstein, philosophe et historienne de l’art)
« La beauté sauvera le monde »
— Fiodor Dostoïevski